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La terreur des femmes enceintes

Être une femme enceinte au Brésil, depuis la découverte du Zika et de son association avec la microcéphalie, s’avère très stressant. Certaines ont même reporté à plus tard le projet d’avoir un enfant, ce qui est d’ailleurs la recommandation du ministère de la santé brésilien. Celles qui n’ont pas changé d’avis se voient alors prises dans le soucis constant de bien se protéger contre le moustique qui transmet le virus qui peut mettre en danger le développement neurologique des bébés. Et aussi de garder le calme et l’espoir d’une grossesse tranquille et en santé. La journaliste Luana Soares, qui habite à Rio, et la responsable marketing Flávia Massara, qui vit à São Paulo, toutes les deux enceintes en ce moment, racontent leurs angoisses.

Photo: Album de famille

Luana Soares, journaliste, 28 ans
19 semaines de grossesse.
São Gonçalo, Rio de Janeiro

« Lorsque j’ai découvert ma grossesse, la peur a occupé une place plus grande que la fête. J’avais arrêté le contraceptif en septembre, puis en novembre, les médias commençaient à parler d’une possible association entre le virus Zika et la microcéphalie. À ce moment-là, j’ai décidé de reporter le projet d’avoir un enfant et j’ai même repris une méthode contraceptive. Mais j’étais déjà enceinte. Quand j’ai eu la confirmation de la grossesse au milieu de cette épidémie, j’ai beaucoup pleuré. J’étais très stressée. J’ai eu beau essayer de me détendre, mais c’était impossible. Les nouvelles me faisaient stresser encore plus, mais je ne pouvais pas tout simplement ne pas lire les journaux.
 

Comme je suis allergique aux moustiques, l’insectifuge faisait déjà partie de mes habitudes, cependant, bien sûr, j’ai intensifié son utilisation. La recommandation médicale était : utiliser un chasse-moustique et porter des pantalons et des chemises à manches longues et de couleur claire. Pendant tout l’été, qui à Rio fait facilement presque 40 degrés C, je portais pantalon et blouse à manches longues. C’était horrible. J’avais si peur... Je ne faisais pas confiance à l’insectifuge, alors j’ai commencé à me mettre le produit à des intervalles plus courts et par-dessus les vêtements. Avec la sueur, j’ai eu une allergie sur la peau et j’ai dû supprimer l’application de l’insectifuge sur les vêtements. Je ne pouvais passer le produit que sur les zones exposées. Pendant ce temps-là, j’ai beaucoup lu sur le Zika : je connais tous les symptômes de la maladie et j’ai également étudié les habitudes du moustique. Tout cela pour m’assurer la meilleure protection possible.
 

Il semble que la préoccupation la plus grande c’est pendant le premier trimestre de grossesse, mais la protection sera constant jusqu’à la fin. J’ai souffert à chaque fois qu’un moustique m’a piqué. Cela m’a beaucoup stressé, mais je ne suis pas tombé malade. Là, la crainte du premier trimestre est passée, mais je ne suis toujours pas tranquille. J’ai lu qu’il y a des personnes qui ne présentent pas les symptômes du Zika et j’espère bien que ce ne soit pas mon cas. À chaque examen je crains pour mon bébé. Le pire c’est que pour la microcéphalie je ne saurais que lors de l’examen qui sera réalisé à la 27ème ou à la 28éme semaines de grossesse, si je ne me trompe pas.   

 

Je vis, bien sûr, la beauté et la joie de ce moment, mais je continue à faire ce que je peux pour me protéger. Ma maison reste tout le temps fermée. Mon conjoint arrive du travail un peu avant moi et applique l’insecticide en aérosol dans toute la maison, allume la climatisation de notre chambre et aussi l’insecticide électrique. Quand j’arrive, je ne sors plus de la chambre, c’est mon refuge, pour ainsi dire, où je dors en pyjama à manches longues. Quand je sors, j’amène l’insecticide en aérosol et l’électrique dans mon sac pour utiliser au bureau. L’insectifuge ne quitte pas mon sac non plus ».  

Photo: Album de famille

Flávia Massara, 33 ans
responsable marketing et blogueuse.
25 semaines de grossesse. São Paulo, SP.

« La nouvelle de la grossesse m’a d’abord préoccupé. Surtout parce que j’avais prévu des vacances à Chapada Diamantina, dans le nord-est du Brésil, où l’incidence du Zika et des cas de microcéphalies était plus élevée. J’ai beaucoup lu, mais à l’époque il y avait plein de spéculations encore. J’ai consulté mon médecin pour savoir si je devais annuler le voyage. Elle m’a recommandé d’utiliser un insectifuge à base d’icaridine, qui promet une plus longue protection, des insecticides dans les locaux où je me trouvais et de porter des vêtements de couleur claire avec des manches longues, ainsi que des pantalons.

 

J’ai fini par voyager en suivant tous les conseils du médecin. Lorsque je suis rentrée, j’ai décidé changer d'obstétricienne et celle-ci m’a dit d’éviter les endroits avec une plus forte incidence du Zika. Elle m’a même dit que si j’étais sa patiente à l’époque, elle m’aurait interdit de partir en voyage dans cette région. Mais c’était fait.


Il est important de dire que l’insectifuge doit être appliqué en dernier, soit après les crèmes hydratantes, les parfums et les autres produits cosmétiques que les gens utilisent, y compris sur le visage. Il existe des versions espéciales pour pulvériser sur les vêtements. J’utilise aussi les insecticides électriques et je continue à porter des vêtements clairs et à manches longues chaque fois que le climat le permet.

Je vérifie toute la maison pour éliminer de petites accumulations d’eau chez les plantes, par exemple. On en parle peu, mais il est très important que le conjoint ou le copain de la femme enceinte utilise lui aussi l’insectifuge et, mieux encore, le préservatif parce que le Zika peut également être transmis sexuellement.

 

Aujoud’hui je suis super prudente. Je n’allais surtout pas refaire un voyage vers une zone endémique. Dans la ville, à São Paulo, je n’ai jamais évité d’aller à des endroits, mais je me préviens avec des insectifuges. À la maison, je n’utilise pas de moustiquaire, mais j’allume le ventilateur, ce qui empêche un peu l’approche des moustiques. J’allume également de l’encens et j’utiliser des plantes répulsives (comme le basilique qui apparaît sur la photo) dans certaines pièces de la maison ».

Recommandations aux femmes enceintes

et à celles qui planifient une grossesse :

Selon le Dr Jean François Desrosiers, de l’Institut de santé publique du Québec (INSPQ), voici quelques conseils pour les femmes enceintes ou qui ont le projet d’en devenir :​​

 

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Éviter de voyager dans une région où circule le virus Zika (voir ici pour la carte de la propagation du Zika)

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Celles qui ne peuvent pas éviter de voyager ou qui habitent dans ces régions, il est fortement conseillé d’adopter des mesures de protection individuelle contre les piqûres des moustiques (voir ici comment se protéger des moustiques).

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Compte tenu des renseignements actuels sur la période d’incubation, la durée de la virémie, et l’incertitude concernant la durée de la persistance virale dans les tissus, les femmes qui souhaitent devenir enceintes devraient attendre au moins deux mois après leur retour d’une zone où circule le virus avant de tenter de concevoir un enfant​.

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Comme le virus peut être transmis par contact sexuel, la recommandation est d’attendre environ six mois avant d’essayer de devenir enceinte si le partenaire a voyagé dans une région touchée par le Zika.

Aux partenaires de femmes déjà enceintes qui ont visité des zones où le virus circule, il est fortement conseillé l’utilisation de condoms pendant toute la durée de la grossesse.

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